SAINT RHÉTICE EVÊQUE D'AUTUN, CONFESSEUR (+ 334)
Rhétice ou Rétice (Reticius), d'une noble famille des Gaules, naquit à Autun, à l'époque où y enseignait le fameux Eumène. Il s'y montra un brillant écolier en même temps qu'un édifiant jeune homme. A l'âge de contracter mariage, il trouva une compagne honorable et passa plusieurs années à faire le bien dans un calme modeste, béni de Dieu et des hommes. Devenu veuf, il fut appelé à gouverner l'Eglise d'Autun; il sacrifia son repos, se sacrifia lui-même et se donna tout entier; il montra dès lors ce que peut un évêque, quant à la piété et au zèle vient se joindre la haute influence que donnent la naissance, les talents et la vertu. Ce choix et cette élévation de Rhétice à l'épiscopat parurent providentiels dans les circonstances où se trouvait l'Eglise. A Constance Chlore venait de succéder Constantin qui montrait pour Autun et pour les Chrétiens beaucoup de bienveillance; mais l'idolâtrie avait aussi de zélés défenseurs parmi lesquels se distinguait Eumène. Il fallait à celui-ci opposer un homme d'une haute valeur, estimé et considéré de tout le monde, distingué par sa position sociale, son mérite et ses talents oratoires. Rhétice était cet homme.
Constantin vint à Autun en 311, et accorda de grandes faveurs. Rhétice, après avoir préparé l'esprit du prince à sa conversion, fut choisi pour l'instruire des vérités de la Foi et mérita d'être appelé le premier catéchiste de Constantin. Ces deux hommes semblaient faits l'un pour l'autre; ils surent se comprendre dès qu'ils se connurent, et dès lors Rhétice jouit toujours auprès de Constantin de la plus haute considération. La voix de l’Evêque se fit entendre dans les Conciles, ses paroles furent recueillies avec un soin respectueux. Appelé au Concile de Rome du 2 octobre 313, il fut placé auprès du Pape Miltiade pour juger la cause des donatistes. En 314, un Concile pour la même cause fut assemblé à Arles : Rhétice faisait partie des treize Evêques de Gaule qui s'y trouvèrent.. Il y fit paraître une profonde doctrine, unie à la force de l'éloquence : on maintint, dans ce Concile, le jugement porté précédemment et l'on rédigea en outre vingt-deux Canons disciplinaires.
Rhétice, Evêque d'Autun, fut, au quatrième siècle, grand par l'estime du Pape et de l'empereur, grand dans les sénats d'Evêques dont il était la lumière, grand par son éloquence, son mérite et sa célébrité, grand par les éloges que lui ont prodigués deux des plus illustres docteurs de son siècle, Augustin et Jérôme : le premier l'appelle un homme de Dieu. De plus, ce Saint Prélat a été la lumière de la postérité par les éloquents écrits qu'il laissa après lui : ce sont, d'après Saint Jérôme, un traité considérable contre les novatiens, et des commentaires sur le Cantique des Cantiques; du premier ouvrage un seul fragment nous reste, qui fait vivement regretter la perte d'un tel trésor. Quant aux commentaires sur le Cantique des Cantiques, ils sont également perdus, sauf un passage relatif à l'Eucharistie.
Rhétice ne se contenta point d'avoir parlé admirablement du Baptême, il rendit plus vénérable ce grand acte de l'initiation chrétienne en faisant venir de l'eau du Jourdain pour la mêler à celle du baptistère de son église (Saint-Jean le Grand ou Saint-Andoche, on ne sait s'ils existaient déjà). Il rendit son âme à Dieu vers 334, et son corps fut inhumé près de celui de son épouse, non loin de la tombe de Saint Symphorien, au cimetière de la Via Strata, a l'ombre de l'église de Saint-Étienne. La fête est au 15 mai.