SAINTS MARTYRS MAXIME (OU MAUXE) ET VENERAND, ET LEURS 38 COMPAGNONS, A ACQUIGNY EN NORMANDIE (4°.S.)
Ces deux Saints étaient frères : ils naquirent en Italie, non loin de Formies (aujourd'hui dans la province de Naples). Ils vendirent et distribuèrent aux pauvres tous leurs biens, puis ils vinrent à Rome, où le Pape Damase aurait fait Maxime Evêque régionnaire, et Vénérand Diacre, avant de les envoyer l'un et l'autre prêcher la Foi aux infidèles; ils s'acquittèrent d'abord de cette mission parmi les Barbares qui, ayant passé les Alpes, avaient fait une irruption en Lombardie; mais ils ne retirèrent d'autre fruit que l'honneur de souffrir diverses tortures pour le Nom de Jésus-Christ.
Ayant échappé à la rage des persécuteurs, ils abandonnèrent l'Italie et vinrent dans les Gaules, accompagnés de deux Saints Prêtres nommés Marc et Ethérius. Ils passèrent par les villes d'Auxerre, de Sens et de Paris. Après avoir fait quelque séjour au confluent de l'Oise et de la Seine, ils continuèrent leur marche du côté d'Evreux. Etant arrivés au village d'Acquigny, à une lieue de Louviers, et à trois et demie d'Evreux, ils furent arrêtés par une troupe de barbares, qui leur firent couper la tête dans une île voisine, formée par les rivières d'Eure et d'Iton. Plusieurs Chrétiens, nouvellement convertis, remportèrent avec eux la palme du martyre. Ces Chrétiens, au nombre de trente-huit, étaient des soldats que la patience et le courage de Maxime et de Vénérand avaient gagnés à Jésus-Christ. Le chef de la troupe, furieux de ce qu'ils avaient rejeté leur religion, les traita avec la même cruauté que les deux Saints Martyrs*. Marc et Ethérius, qui n'avaient point été enveloppés dans le massacre, s'échappèrent pendant qu'on les conduisait à Evreux. Ils revinrent sur leurs pas, et enterrèrent les corps de Saint Maxime et de Saint Vénérand, non au lieu même où ils avaient souffert, mais dans l'intérieur des murs à demi ruinés d'une ancienne église, sur l'emplacement du cimetière actuel d'Acquigny, là même où se trouve la chapelle Saint-Mauxe.**
* On apprend que ces Chrétiens étaient au nombre de 38, d'une inscription trouvée dans une des châsses des Saints Martyrs, et qui est conçue en ces termes : "Hic est locus martyrum, et reliquiae SS. martyrum Maximi et Venerandi, et sociorum eorum triginta et octo". Il y a lieu de croire que cette inscription, dont les caractères paraissent antiques, était sur le tombeau des Saints Martyrs. Elle est sur un marbre ou une pierre de couleur noire. On l'a renfermée dans une châsse nouvellement faite, avec les reliques des Saints, et on l'a placée vis-à-vis l'une des glaces de cette châsse, afin qu'on puisse la lire. On conserve à Acquigny les procès-verbaux de tout ce qui se fit en cette occasion.
** Cette tradition, tirée d'un manuscrit de la bibliothèque d'Evreux, est rejetée comme fabuleuse par les Bollandistes (papistes). D'après eux, la patrie de ces Saints est inconnue, on les aurait appelés Martyrs selon l'usage du temps, parce qu'ils seraient morts de mort violente, et par la main de voleurs sortis d'une forêt voisine. Les miracles qui illustrèrent leur tombeau les aurait fait honorer comme Saints. Mais leur histoire authentique ne commence qu'à l'invention de leurs corps, au 10ème siècle. Un passage de la 9ème leçon de l'Office des saints Martyrs, dans le Bréviaire de Mathieu des Essarts, cité par les Bollandistes, porte : "Pagus denique Achinisco proximus sylva impiorum seu finientium vocatur; ob impietatem illorum qui de sylva illa ex insidiis sanctors adorti sunt; vel ab corum fine et interitu, quem statim post consummatam contra sanctos persecutionem pertulerunt." - En rapportant l'opinion des Bollandistes, notre intention n'est point d'y souscrire. Les raisons sur lesquelles ils s'appuient nous paraissent assez faibles. Voici un de leurs arguments : La tradition dit que les deux Saints naquirent à Formies, près de Brescia. Or, il n'existe pas de Formies près de Brescia, en Lombardie; mais en revanche, il existe une localité du nom de Brescia près de Naples, et précisément près de ce Brescia, une autre localité du nom de Formies (aujourd'hui Mola); ce qui prouve qu'ici le légendaire n'était pas en défaut, au point de vue géographique.
Vers l'an 960, Richard Ier, surnommé le Vieux, étant duc de Normandie, et Guiscard, Evêque d'Evreux, un certain Amalbert découvrit à Acquigny les reliques de Saint Maxime et de Saint Vénérand : il les enleva, à l'exception des chefs des deux Martyrs et de quelques ossements. On rapporte qu'une maladie miraculeuse dont il fut attaqué en passant la Seine, au pays de Caux, près de Fontanelle ou de Saint-Wandrille, l'obligea de les déposer dans ce célèbre monastère, et que le duc Richard bâtit une chapelle pour les recevoir. Ces Reliques furent brûlées dans la suite par les Huguenots.