De tels succès attirèrent la jalousie du roi de Hongrie, qui prépara une nouvelle invasion. Saint Sabas, envoyé comme médiateur, apaisa le roi André par la force de sa parole. A son retour le prince Stéphane décéda sans avoir pu réaliser son voeu: devenir moine. Saint Sabas adressa alors une ardente prière au Seigneur, et le défunt retrouva la vie le temps de revêtir le saint habit monastique, sous le nom de Simon, et de communier aux Saints Mystères, puis il remit en paix son âme à Dieu dans l'attente de la Résurrection.
Après le couronnement du fils de Stéphane, Radoslav (1230), l'Archevêque partit en pèlerinage en Terre Sainte. Il vénéra avec larmes les lieux sanctifiés par la présence du Seigneur, séjourna au Monastère de Saint Sabas, où il reçut le bâton pastoral de son Saint Patron, conformément à une prophétie de Saint Sabas le Sanctifié annonçant que longtemps après sa mort devait venir de loin un homme de Dieu portant son nom et pasteur d'un peuple nombreux. Après avoir rencontré le Saint empereur Jean III Batatzès à Nicée et être passé sur la Sainte Montagne pour saluer ses frères, il regagna la Serbie, où l'attendaient de nouveau les problèmes de la cité terrestre. Radoslav, détrôné par une révolte de la noblesse, lui demanda à devenir moine. Son jeune frère, Vladislav, reçut la couronne à sa place et épousa la fille du roi Jean II Asen de Bulgarie, la puissance alors dominante dans la péninsule des Balkans (1233).
Ayant ainsi rétabli l'ordre dans le royaume et approchant de la vieillesse, Sabas renonça au trône archiépiscopal, remit la direction de l'Eglise serbe à son disciple Saint Arsène Ier (1234-1264, commémoré le 28 octobre) et entreprit un nouveau pèlerinage en Terre Sainte, en Egypte, au Mont Sinaï et à Antioche. Tombé malade en approchant de Constantinople, il séjourna quelque temps au Monastère de l'Evergétis, puis il se rendit à Tirnovo, en Bulgarie, où il fut solennellement accueilli par le roi Asen. Epuisé par ses nombreux voyages et par de si longues années consacrées au service de l'Eglise, il décéda le 14 janvier 1235 (1236). Avant de rendre son âme à Dieu Saint Sabas remit le peuple serbe à la bienveillance de Dieu et termina sa prière en disant, comme Saint Jean Chrysostome : "Gloire à Dieu pour tout!" Son visage était alors tout étincelant de lumière. Le corps du Saint fut déposé dans l'église des Quarante-Martyrs à Tirnovo et, deux ans plus tard, le roi Vladislav vint en personne le demander au souverain bulgare et le ramena en Serbie, au Monastère de Milésevo qui devint un grand centre de pèlerinage. Pendant l'occupation turque, le cruel Sinan pacha, ayant été chargé par le sultan de mettre fin aux révoltes des Serbes, s'empara des Saintes Reliques et les fit brûler à Belgrade, le 27 avril 1594. Privé de la présence terrestre de son Saint protecteur, le peuple orthodoxe resta cependant invaincu, car Saint Sabas ne cesse d'intercéder dans le Ciel pour la sauvegarde de l'Eglise.
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Saint Sava, premier Archevêque de Serbie, dans le monde Rostislav (Rastko), était le fils du roi serbe Stéphane Nemanya et d'Anne, fille de l'empereur byzantin Romanus. Dès ses plus jeunes années, il participa avec ferveur aux offices à l'église, et avait un amour particulier pour les icônes.
A l'âge de dix-sept dans, Rostislav rencontra un Moine du Mont Athos, quitta secrètement la maison paternelle et partit pour le Monastère Saint-Panteleimon. Par la Divine Providence, en 1169, année de la naissance du Saint, l'ancien monastère du grand martyr et guérisseur Panteleimon avait été donné aux Moines russes.
Sachant que son fils était sur l'Athos, son père mobilisa ses domestiques, dirigés par un fidèle voïvode, et écrivit un courrier au gouverneur dont dépendait le district de l'Athos, disant que si son fils ne lui était pas rendu, il y aurait une guerre contre les Grecs. Lorsqu'ils arrivèrent au monastère, le voïvode avait eu l'ordre de ne pas quitter Rostislav des yeux. Durant les offices du soir, alors que les soldats s'étaient endormis sous l'influence du vin, Rostislav reçut la tonsure monastique (en 1186), et renvoya à ses parents ses vêtements civils, ses cheveux et une lettre. Saint Sava chercha à persuader ses puissants parents à accepter le monachisme. Le père du Moine (Siméon, dans le monachisme, commémoré le 13 février) et son frère poursuivirent la vie ascétique au Monastère Vatopedi. Sur l'Athos, ils fondèrent le Monastère serbe d'Hilandar, et ce monastère reçut son nom par permission impériale. Au Monastère d'Hilandar, Saint Sava fut ordonné au diaconat, puis Prêtre. Sa mère Anne devint Moniale sous le nom d'Anastasie
Du fait de sa sainte vie et de ses pieuses actions sur le Mont Athos, le Moine fut fait Archimandrite à Thessalonique. A Nicée, en 1219, en la Fête de la Dormition de la Très Sainte Mère de Dieu, l'Evêque et Patriarche de Constantinople, Germain, consacra l'Archimandrite Sava comme Archevêque de Serbie. Le Saint adressa une requête à l'empereur byzantin pour qu'il autorise à l'avenir les Evêques Serbes à élire eux-mêmes leur propre Archevêque. Ceci était un point particulièrement important en cette époque de guerres fréquentes entre les puissances orientales et occidentales.
Etant revenu de Nicée à la Sainte Montagne de l'Athos, le Saint y visita une dernière fois tous les monastères. Il se prosterna dans toutes les églises, et, se souvenant de toutes les bienheureuses vies des Pères du désert, il fit ses adieux à tous les ascètes, avec beaucoup de regrets, "quittant la Sainte Montagne comme s'il quittait le Paradis".
Attristé de sa séparation d'avec la Sainte Montagne, le Saint prit le chemin du départ en traînant. La Très Sainte Mère de Dieu lui parla dans un songe : "ayant mon patronage, pourquoi es-tu encore attristé?" Ces paroles le tirèrent de son abattement, changeant sa tristesse en joie. En souvenir de cette apparition, le Saint commanda de grandes Icônes du Sauveur et de la Mère de Dieu à Thessalonique, et les plaça dans une église.
En Serbie, l'activité du hiérarque pour l'organisation du travail de son Eglise natale s'accompagna de nombreux signes et miracles. Durant la Liturgie et la Vigile de toute la nuit, lorsque le Saint vint encenser la tombe de son père le Moine Simeon, les Saintes Reliques exhalèrent un parfum de myrrhe.
Etant chargé des négociations avec le roi Vladislav de Hongrie, qui avait déclaré la guerre à la Serbie, le Saint Evêque n'apporta pas seulement la paix désirée à son pays, mais il amena aussi le monarque hongrois à l'Orthodoxie. C'est ainsi qu'il facilita le début de l'existence historique de l'Eglise autonome de Serbie; Saint Sava contribua aussi à renforcer l'Etat Serbe. Afin d'assurer l'indépendance de l'Etat Serbe, l'Archevêque Sava couronna son puissant frère Etienne (Stéphane) comme roi. A la mort de ce dernier, son fils aîné, Radislav, fut couronné roi, et Saint Sava partit pour la Terre Sainte "afin de vénérer le Saint Tombeau du Christ et le terrible Golgotha".
A son retour dans son pays natal, le Saint bénit Vladislav et le couronna roi. Pour renforcer plus encore le trône de Serbie, il le maria à la fille du prince Asan de Bulgarie. Le Saint hiérarque visita les églises à travers toute la Serbie, il réforma les règles monastiques sur le modèle de l'Athos et de la Palestine, et établit et consacra nombre d'églises, renforçant les Orthodoxes dans leur Foi. Ayant achevé son travail dans son pays natal, le Saint nomma le Hiéromoine Arsène pour lui succéder, le consacra Evêque, et donna sa bénédiction à tous.
Il partit ensuite pour un voyage sans retour "pour achever ses jours comme un vagabond en terre étrangère". Il passa à travers la Palestine, la Syrie, la Perse, Babylone, l'Egypte et l'Anatolie, visitant partout les Saints Lieux, discutant avec des grands ascètes, et rassemblant des Reliques de Saints. Puis il acheva ses pérégrinations à Trnovo, en Bulgarie, chez son parent Asan, où dans la joie spirituelle, il rendit son âme au Seigneur (+ 1237).
Lors de la Translation des Saintes Reliques de Saint Sava vers la Serbie, en 1237, il y eut tant de guérisons que les Bulgares se plaignirent d'Asan "parce qu'il avait laissé partir un tel trésor". Dans la patrie du Saint, ses vénérables Reliques furent placées dans l'église de Mileshevo, accordant la guérison à quiconque les approchait avec Foi. Les habitants de Trnovo continuèrent à recevoir des guérisons par les restes du cercueil du Saint, qu'Asan avait ordonné de récolter et de placer dans un sarcophage nouvellement construit.
L'héritage de Saint Sava est vivant dans les traditions de l'Eglise Orthodoxe dans les nations Slaves. On l'associe avec l'introduction du Typikon de Jérusalem comme base pour les règles monastiques slaves. Le Monastère serbe d'Hilandar sur le Mont Athos applique encore de nos jours le Typikon de Saint Sava. Les éditions du "Gouvernail" de Saint Sava (une collection de Canons ecclésiaux), avec des commentaires par Alexis Aristines, sont très largement répandues dans l'Eglise de Russie. En 1270, la première copie du "Gouvernail" de Saint Sava fut envoyée de Bulgarie au Métropolite Cyril de Kiev. Sur base de celle-là fut réalisée une des plus anciennes copies russe du "Gouvernail", c'est le "Gouvernail" de Ryazan, de 1284. Cette copie manuscrite sera la source d'une première copie imprimée, publiée en 1653, et depuis lors bien des fois réimprimée par l'Eglise de Russie. Tel est le leg de Saint Sava au trésor canonique de l'Orthodoxie.