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 Saint Christophe et d'autres; 9-22 mai; 2ème partie

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AuteurMessage
Philippe Crévieaux




Nombre de messages : 404
Age : 58
Localisation : Bruxelles
Date d'inscription : 08/06/2006

Saint Christophe et d'autres; 9-22 mai; 2ème partie Empty
MessageSujet: Saint Christophe et d''autres; 9-22 mai; 2ème partie   Saint Christophe et d'autres; 9-22 mai; 2ème partie EmptyVen 22 Mai - 15:21

SAINT CHRISTOPHE ETAIT-IL CYNOCEPHALE?*
* "à tête de chien" en grec

C.P.(écheresse)
http://www.orthodoxievco.net/bul2/107/107.htm

L'hagiographie est la littérature chrétienne qui relate la vie des Saints de l'Église. Elle peut contenir des altérations accidentelles des événements réels, de même que des erreurs de toutes sortes. Elle contient parfois des éléments merveilleux dont il est, certes, difficile, voire impossible de vérifier l'authenticité historique, même dans le cas où les faits relatés sont contemporains ou de date relativement récente; d'autant plus s'ils sont multiséculaires. Mais cela ne veut pas dire que nous devions rejeter ces faits comme de purs produits de l'imagination.

D'une part, il est vrai que ce n'est pas en vue d'une rigoureuse véracité historique, mais pour la glorification des Saints et l'édification des fidèles que la Sainte Tradition garde ces biographies, et c'est la réalité spirituelle qui y est importante et non pas l'authenticité ou l'exactitude parfaite des faits historiques.

D'autre part, comme les Evangiles, les prières et la musique liturgiques etc., les vies des Saints s'étaient aussi transmises oralement pendant parfois des siècles, avant d'être consignées par écrit, et nous savons que la mémoire des hommes peut être défaillante.

Mais si la mémoire humaine est défaillante, les réalités spirituelles elles-mêmes sont toujours gardées par l'Esprit Saint qui vit dans l'Église, et les inexactitudes ne sont jamais des inventions purement humaines. De toute manière, même dans le domaine de l'historiographie profane, ce n'est que depuis relativement peu que l'on s'intéresse à l'exactitude. Bien des chroniqueurs des temps anciens écrivaient l'histoire dans un but précis, pour la louange de leur roi ou à la gloire de leur peuple, et les altérations des faits étaient souvent plus que grossières. À l'époque moderne encore, à notre époque pourtant si soucieuse de l'exactitude scientifique, l'histoire peut être allègrement falsifiée en vue d'une idéologie quelconque : tous les historiens le savent.

Ce n'est pas parce que les vies des Saints contiennent des erreurs, des déformations de faits qu'il faut pour autant les rejeter en bloc comme des fables. Dans l'Église, ce qui est important, c'est la Foi en la réalité spirituelle des choses décrites. Qu'un fait soit attribué à tort à un Saint à la place d'un autre a, à mon humble avis, moins d'importance.

Je voudrais maintenant illustrer ce que je viens de dire par un exemple : un détail de la vie du Saint Martyr Christophore (ou brièvement : Christophe). Dans le n° 52 de notre bulletin "Orthodoxie", la rubrique du courrier des lecteurs fait état d'une curieuse représentation iconographique de Saint Christophe : "Question : Pourquoi représente-t-on parfois Saint Christophe sur les Icônes avec une tête de chien?
Réponse : C'est une erreur des iconographes qui interprètent mal un trait de sa vie. Le Saint qui était fort, grand et beau, demandait à Dieu, par humilité, de rendre son visage semblable à un chien, c'est-à-dire laid comme celui d'un chien. Pourtant il n'a pas demandé de lui donner le visage d'un chien comme l'interprètent mal certains iconographes." Plusieurs Icônes byzantines représentent en effet Saint Christophe avec une tête de chien. Saint Christophe donc, ne voulant pas s'enorgueillir de sa beauté, aurait fait cette prière à Dieu, qui a enlaidi son visage.

Cependant, selon le Synaxaire grec en français, Saint Christophore, comme beaucoup de jeunes Barbares [= en grec, barbaros signifie simplement "étranger"] la périphérie de l'Empire, était mercenaire dans l'armée romaine d'Orient au temps de l'empereur Dèce (troisième siècle), et sa tribu d'origine était appelée "cynocéphale" par les Grecs pour une raison non encore élucidée. On pourrait concevoir cette "tête de chien" comme le totem de la tribu dont Saint Christophe était originaire. Mais nous n'en connaissons aucun élément probant. En tout cas, la cause de sa représentation avec une tête de chien serait, selon une note du Synaxaire, que des iconographes tardifs, prenant le qualificatif "cynocéphale" à la lettre, auraient peint le Saint avec une tête de chien.

L'année dernière (2003), un jeune Canadien, Félix Racine, s'est penché sur le problème dans un mémoire de maîtrise très intéressant et bien documenté concernant les "monstres" habitant les confins de l'Empire romain. Il a découvert que la "cynocéphalité" de Saint Christophe est attestée dès le cinquième siècle par la Tradition de l'Église d'Orient. "Pour les géographes romains et pour les Grecs avant eux, - poursuit-il - les confins du monde étaient peuplés de races fabuleuses : des géants, des hermaphrodites, des hommes sans tête et quantité d'autres. Plusieurs auteurs inclurent dans cette liste les Cynocéphales (du grec kunokephalos : "tête-de-chien"), une race de primitifs à tête de chien qui aboyaient plus qu'ils ne parlaient, qui habitaient les montagnes de l'Inde selon certains, l'Éthiopie selon d'autres. Malgré leur popularité, leur existence restait hypothétique et personne ne pouvait se targuer d'avoir visité leur pays."

La thèse de cet auteur est grosso modo que cette monstruosité relève de l'imaginaire pur et simple des Romains, qui attribuaient volontiers des traits extraordinaires aux différents peuples barbares lointains. J'avoue que sa conclusion ne m'a pas convaincue, du moins pas pour Saint Christophe. Une règle stricte de l'iconographie est que l'on ne représente pas de choses imaginaires. Des réalités spirituelles transmises en images, des objets allégoriques, symboliques, oui, des traits mal compris ou exagérés de la Tradition, oui, mais pas un "Saint inventé, monstre créé de toutes pièces", comme l'affirme l'auteur. La Tradition orale n'est pas basée non plus sur l'imaginaire.

Qu'étaient donc ces tribus "cynocéphales" dont parlent les légendes du cinquième siècle?
Dans les contes folkloriques hongrois, il est souvent question de "Tartares à tête de chien". Je n'y avais jamais réfléchi : je pensais simplement que les Tartares, qui avaient envahi la Hongrie au treizième siècle, méritaient ce qualificatif à cause de leurs ravages et actes inhumains qui avaient mis le pays à feu et à sang à cette époque.

Il y a quelques semaines, j'ai reçu, d'un de mes compatriotes, un guide touristique très complet et illustré de sa ville natale, Csongrád, une des plus anciennes villes occupées par les Hongrois au neuvième siècle et capitale de la première région hongroise évangélisée par Byzance. En parcourant le livre, je suis tombée sur la photo d'un crâne humain curieusement allongé vers l'arrière et qui avait un peu la forme d'un crâne de chien. J'ai lu fiévreusement l'article de deux pages qui s'y rapportait. Il s'agissait de la trouvaille d'un pêcheur du lieu, qui, en 1867, lors d'un éboulement de la rive de la Tisza*, avait fait la découverte de ce qu'il appelait, d'après les contes folkloriques bien connus par tous les Hongrois, des sépultures de "Tartares". Après avoir jeté six autres de ces crânes déformés dans la rivière, il en avait offert un au maire de la ville, qui l'avait montré, à son tour, à un grand anthropologue de l'époque.
* une des plus grandes rivières de Hongrie

L'article qui commente cette trouvaille archéologique fait état d'une cinquantaine de crânes semblables découverts entre 1867 et 1938 dans la même région. Ils proviennent de sépultures dont le contenu rappellerait des objets funéraires caractéristiques de ceux des Guépides, peuple barbare dont le royaume se trouvait à la frontière nord de l'Empire romain aux cinquième et sixième siècles. L'étendue de ce royaume correspondait à peu près au territoire de la Grande Plaine hongroise et de la Transylvanie roumaine actuelles prises ensemble et comprenait en effet l'emplacement de la ville actuelle de Csongrád.

Selon les savants, ces crânes, qui faisaient ressembler la tête de leur porteur à une tête de chien assez insolite pour semer la terreur, étaient artificiellement allongés par un bandage spécifique porté dès l'enfance, en vue d'une défense plus efficace contre l'ennemi. Ces coutumes pouvaient très bien exister avant l'apparition des Guépides dans la région, chez un peuple contemporain de Dèce.
La légende dit de Saint Christophe, avec, sans doute, un peu d'exagération, que "né dans une tribu cynocéphale, ses yeux brillaient comme des flammes et ses défenses de sanglier terrifiaient les hommes".Que croire maintenant ?

De toute façon, que la tête de Saint Christophe fût enlaidie grâce à sa demande expresse à Dieu ou bien dès l'enfance par un procédé barbare, ne change rien au reste de son histoire, à sa lutte héroïque pour défendre les Chrétiens contre Dèce, ni à son martyre. Et dans les deux cas, sa "cynocéphalité" a des fondements vrais, même s'il ne faut pas la prendre à la lettre, comme l'ont fait certains iconographes, de façon trop concrète. À l'église, je me tiens devant le pupitre, avec, derrière moi, la fresque représentant Saint Christophe qui traverse une rivière en portant le Christ sur l'épaule.

Un jour, comme cela arrive parfois, j'ai commencé à sentir très fort sa présence derrière moi. Ce jour-là, j'ai eu l'idée - et j'en ai pris l'habitude par la suite, sans jamais l'oublier - de le vénérer avant de me mettre devant le pupitre, en lui embrassant les genoux, et en lui demandant pardon de lui tourner le dos pendant tout l'office.

Un matin, je suis arrivée à l'église avec un lumbago terrible : je pouvais à peine me tenir debout, mais je n'aurais pas pu m'asseoir non plus. Vers le milieu de l'Office, pour soulager ma douleur, je me suis appuyé le bas du dos contre le mur, tout en redemandant à Saint Christophe derrière moi de m'excuser de lui présenter mon dos, et de façon si grossière en plus, mais j'avais très mal. Dans ma tête, j'ai ajouté : "Si cela se trouve, tu peux y faire quelque chose".
Je ne le lui ai pas demandé, mais à peine y ai-je pensé que mon mal de dos a complètement disparu.

Maintenant, qu'est-ce qui est le plus important pour vénérer le Saint ? Est-ce la connaissance de l'origine d'une représentation erronée de lui ? N'est-ce pas simplement le fait que le Saint Martyr Christophe, vrai Saint qui a existé, a plu au Seigneur et vit dans l'éternité, est présent dans son Icône et que, quels que soient les menus détails de sa vie, vrais ou faux, nous fait du bien aujourd'hui, accorde sa grâce, et intercède pour nous auprès du Seigneur, comme tous les Saints christophores?
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Saint Christophe et d'autres; 9-22 mai; 2ème partie
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