SAINT MARTYR TORPÈS OU TROPEZ
Saint Tropez était un aristocrate romain qui faisait partie des officiers de la maison de Néron. Il dut être converti de bonne heure, puisque Saint Paul parle de lui dans la lettre qu'il écrivit de Rome aux Philippiens. Or, il arriva que Néron fit élever un temple et une statue à Diane, dans la ville de Pise : il alla en personne assister à la dédicace de ce temple et ordonna à tous ses serviteurs d'adorer la déesse. Tropez s'y refusa et prit même la liberté de démontrer à l'empereur l'inanité du culte des idoles. Le courageux Chrétien n'ignorait pas comment un Néron traitait ceux qui lui déplaisaient : il résolut donc de se préparer à la lutte suprême et alla demander le Baptême à un Saint Prêtre nommé Antoine qui se tenait caché dans une grotte des environs de Pise. Là un ange lui apparut et fortifia son âme. De retour à Pise, Néron le fit sommer d'obéir; mais l'énergique Chrétien resta inébranlable : il fut remis entre les mains de Sattelicus, un de ses proches, qui avait reçu la mission de le faire mourir.
Sattelicus le jeta en prison et l'y laissa deux jours sans nourriture : ce terme expiré, il le fit attacher à une colonne où les exécuteurs le flagellèrent si inhumainement que bientôt tout son corps ne fut plus qu'une plaie sanglante. Mais voilà que, pendant l'exécution, la colonne chancela sur sa base et écrasa dans sa chute le juge et cinquante des assesseurs ou spectateurs. Sylvin, le fils de Sattelicus, condamna ensuite le Martyr à la roue, puis au supplice des bêtes : le lion auquel on l'exposa vint mourir à ses pieds, et le léopard qu'on lâcha sur lui vint le caresser. A ce spectacle, Evellius, un des conseillers de l'empereur, se convertit et eut le bonheur, plus tard, de couronner sa vie par le martyre, à Rome.
Sylvin, transporté de colère, fit conduire Tropez hors des portes de Pise où on lui trancha la tête : c'était le 3 des calendes de mai; toutefois, on célèbre sa fête aujourd'hui à cause de la merveilleuse translation de son corps. Ce dépôt sacré ayant en effet été jeté dans une barque avariée sans voiles et sans rameurs, au lieu de sombrer dans les flots, arriva sur les côtes de Fréjus, et s'échoua dans le golfe de Grimaud. Il fut recueilli par les Chrétiens de la contrée. Lorsque l'ère des persécutions païennes fut passée, on éleva une église à l'endroit où étaient les Reliques de Saint Tropez. Le golfe, où avait abordé la barque, prit le nom du Saint : il en fut de même de la ville et du prieuré qu'on bâtit plus tard au même lieu.
Les papistes ont vainement recherché à deux reprises les Précieux Restes de Saint Tropez au dix-septième.