SAINT VENANCE, CONFESSEUR (+ 374)
La vie de Venance, nommé d'abord Germain et frère aîné de Saint Honorat, issu au quatrième siècle d'une illustre famille française pense-t-on, le rendit célèbre autant que sa naissance.
Honorat, le futur fondateur de Lérins, s'étant converti dès sa jeunesse à la Foi chrétienne, rencontra l'opposition de son père qui essaya de lui inspirer le goût de la vie mondaine. Devant l'inutilité de ses efforts, le père fit appel à l'aide de Germain, gagné à la dissipation. Il en fit le mentor d'Honorat afin que la turbulence de l'aîné détournât son plus jeune fils du propos de gravir les sommets de la sainteté. Celui qui devait être instrument de perversion se trouva subitement face à face avec la conversion. Il en accepta la grâce et, sous la direction de Saint Caprais, maître de son frère, se prépara au Baptême où il reçut le nom de Venance.
Il fit de tels progrès dans la pratique des vertus qu'il devint l'auxiliaire de son frère. C'était entre eux à qui ferait preuve de plus d'endurance dans le jeûne, à qui porterait le cilice le plus rugueux, à qui prolongerait le plus les veilles, à qui romprait plus rarement le silence, à qui prierait le plus souvent, à qui se livrerait au commerce le plus assidu de la Sainte Ecriture, à qui serait le moins sensible aux injures, à qui aurait le coeur le plus miséricordieux.
Plus Venance croissait en vertus, plus il s'ensevelissait dans l'humilité et la componction.
Mais, incapable de pratiquer à son gré parmi les siens la pauvreté et l'abjection, inquiet de la renommée qui s'était attachée à son nom et qui pouvait l'induire en vanité, il s'embarqua pour la Grèce, en compagnie de Saint Honorat et de Saint Caprais. Les difficultés de la traversée, la rudesse du climat nouveau eurent vite raison du tempérament pourtant robuste de Venance. Il contracta un mal incurable et rendit son âme au Christ qui vint l'accueillir au milieu des Anges, le 30 mai 374, à Méthone en Péloponèse, aujourd'hui Modon, sur la côte Est de la Messénie.
Bien que la naissance au Ciel de Saint Venance soit antérieure à la fondation de Lérins, sa mémoire est en vénération dans la contrée. Vers 430, Saint Honorat, Evêque d'Arles, prononçant le panégyrique de Saint Honorat, son prédécesseur sur le siège, pour l'anniversaire du décès, n'hésite pas à unir le souvenir des deux frères et à faire l'éloge des vertus de Saint Venance.
A une date plus proche de nous, un ancien Psautier manuscrit de Lérins de 1364 contient une hymne propre à Vêpres et à Laudes pour la fête de Saint Caprais et Saint Venance.
Une ancienne tradition rapporte que son tombeau se trouvait dans la chapelle Sainte-Croix, érigée dans la tour du château-fort, dominant sur le cloître du second étage, et nommée le Saint-des-Saints comme le rappelle l'inscription en marbre blanc, gravée en lettres gothiques du quinzième siècle, que l'on peut déchiffrer au-dessus de la porte d'entrée. Aucun document cependant ne nous reste qui puisse préciser de quelle manière, quand et par les soins de qui les ossements vénérables ont été apportés de Modon à Lérins. Nous savons bien que la translation des restes de Saint Honorat ne s'est faite qu'en 1391 par les papistes. Mais un rapprochement s'impose-t-il en l'occurrence?
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