LE CALENDRIER DE L'ÉGLISE
Signification dogmatique du calendrier ecclésiastique
Introduction
Nos adversaires prétendent que le calendrier «n'est pas un dogme» laissant ainsi entendre que l'on peut faire de celui-ci ce qu'on veut. La question du calendrier est-elle vraiment un dogme ? Cela naturellement dépend sous quel angle on l'examine !
Ma barbe et ma soutane,ne constituent certainement pas un dogme. En effet, ils n'augmentent ni ne diminuent le nombre des personnes de la sainte Trinité. Mais si je méprise les insignes de mon ministère par lesquels m'honora l'Église de Jésus Christ, qu'elle considère plus précieux que la pourpre royale, ne serait-ce pas l'Église en Elle-même que j'offense ? Si ma soutane et ma barbe ne constituent pas un dogme en soi, si j'y renonce sans raison, je déshonore l'Église qui m'a honoré et qui est la base de tous les dogmes. Comment donc serait-il possible d'isoler les dogmes du reste de la vie et de l'expérience de la sainte Église catholique et orthodoxe du Christ ?
Pour cela le métropolite de Cassandrie Mgr Synesios de «l'Église officielle grecque» dit avec justesse : «l'Église autocéphale grecque est indépendante. Pour nous, la pensée même du célibat du clergé, son abolition, et du changement de l'habit ecclésiastique est très prématurée. Aujourd'hui, ces deux questions sont presque comme des dogmes et ne peuvent pas être déplacés. Par conséquent, aucune discussion officielle ou officieuse ne peut avoir lieu».
Les dogmes ne sont donc pas nettement indépendants des détails de la vie et de l'expression quotidienne de la sainte Église. La distinction est presque impossible entre le PRIMORDIAL et le SECONDAIRE en matière de Foi. Tout porte le sceau sanctifiant du saint Esprit, de sorte qu'il nous est impossible de toucher la moindre chose de la Tradition sans toucher directement ou indirectement les exigences dogmatiques de l'Église.
Nous disons aussi ceci envers les modernistes qui tentent une distinction nette des saints canons entre DOGMATIQUE et ADMINISTRATIFS ou DISCIPLINAIRES, comme si l'administration et la discipline de l'Église n'avaient pas pour base les dogmes. Rendant ainsi les dogmes indépendants de toute la vie de l'Église, ils brisent son caractère DIVINO-HUMAIN et on la dégénère en un idéalisme moraliste …
Les iconoclastes ne ses moquaient-ils pas des orthodoxes de considérer les icônes (à savoir les planches et les couleurs) comme un dogme de foi ? Pourtant, qui parmi les orthodoxes aujourd'hui pourrait renier la signification dogmatique des saintes icônes ?
A ce sujet le moine, père Paul, du Saint Sépulcre, fait remarquer très justement que la planche, avant d'y dessiner la Personne du Sauveur, est un vulgaire morceau de bois que nous pouvons brûler ou détruire. Mais, au moment où nous peignons sur elle l'image du Christ tout-puisant, alors ce bois, même s'il est de mauvais qualité devient sacré et nous sanctifie. Ainsi, le calendrier, en tant que tel, n'est pas surestimé en rien. Mais au moment où la sainte Église a apposé sur lui son sceau et organisa sa vie sur cette base, même s'il est erroné scientifiquement, il est quand même saint ! il n'est plus julien, mais ecclésiastique comme la planche n'est plus un morceau de bois, mais une icône.
Si nous adoptons les raisonnements des rationalistes, nous pourrions dire plusieurs choses. Est-ce un dogme de chanter Lumière joyeuse pendant l'entrée des vêpres ou est-ce un dogme de faire le signe de la croix qu'aucun canon, dit saint Basile, ne prescrit ? Malheur à nous si chaque chose pour laquelle nous pourrions dire qu'elle n'est pas un dogme était ipso-facto rejetée à la manière anglicane et sans raison valable par un concile local quelconque. Voilà pourquoi il nous est impossible de nier une signification dogmatique à la problématique du calendrier, et nous nous expliquons :
1. RELATION ENTRE L'INNOVATION DU NOUVEAU CALENDRIER ET L'HÉRÉSIE DE L'OECUMÉNISME
En 1920, le patriarcat oecuménique publia une encyclique par laquelle il reconnaissait les assemblées des occidentaux comme «cohéritières de la grâce du Christ» et se proclamait ouvertement pour la panacée des hérésies : L'OECUMÉNISME. Comme premier moyen d'avancement de l'oecuménisme, on adopta la réforme du calendrier (laquelle fut jadis anathémisé trois fois par le Grand Concile des patriarches de l'orient). Cette encyclique signée par le surveillant intérimaire du trône, métropolite Dorothée de Brousse et onze autres métropolites proclamait (en extrait) ceci :
«Ainsi, la sincérité et avant tout la confiance une fois rétablies entre les Églises, nous pensons en deuxième lieu que s'imposent le renforcement et le réveil de l'amour entre les deux Églises qui, ne se considèrent pas l'une l'autre comme des étrangères, mais au contraire comme étant de la même race et de la maison du Christ. «Cohéritières et formant un même corps et participant à la même promesse de Dieu en Jésus Christ car les différentes Églises inspirées par l'amour et le mettant en avant, dans leurs jugements et leurs relations entre elles, pourront diminuer et raccourcir la séparation, au lieu de l'allonger et de l'augmenter en suscitant un intérêt entretenu et fraternel au sujet de l'état, de la stabilité et du bien-être des autres Églises, par l'empressement et suivre et à connaître plus précisément ce qui se produit dans leur soin et à tendre toujours avec promptitude et de façon réciproque une main d'aide et de secours; ainsi, elles accompliront et réaliseront beaucoup de bonnes choses pour leur propre gloire et leur profit comme aussi pour celui de l'ensemble du corps chrétien.
Et cette amitié et cette disposition bienveillante des uns envers les autres peuvent se montrer et se manifester d'une façon plus particulière, d'après nous de manière suivante :
a) par l'acceptation d'un calendrier unique pour la célébration simultanée de grandes fêtes chrétiennes de la part de toutes les Églises;
b) par l'échange de lettres fraternelles à l'occasion des grandes fêtes de l'année ecclésiastique, comme c'est la coutume, et en d'autres circonstances extraordinaires;
c) par des relations plus familières entre repésentants des différentes Églises;
d) par l'instauration de relations entre les écoles théologiques et le représentants de la science théologique, et l'échange d'ouvrages et de revues théologiques ecclésiastiques éditées par chaque Église;
e) par l'envoi des jeunes gens d'une Église dans les écoles d'une autre pour leurs études;
f) par la convocation d'assemblés pan-chrétiennes afin d'examiner des questions d'un intérêt commun à toutes les Églises
g) par l'examen impassible et plus historique des divergences dogmatiques au moyen de la chaire et des ouvrages;
h) par le respect mutuel des habitudes et coutumes propres aux différentes Églises;
i) par la mise à disposition réciproque des maisons de prière et des cimetières pour les funérailles et l'ensevelissement des adeptes des autres confessions décédés en terre étrangère
j) par la réglementation, par les différentes confessions, de la question des mariages mixtes;
k) par un soutien réciproque et volontaire des Églises dans les oeuvres d'affermissement religieuse, de philantrophie et dans les activités semblables.»
(d'après le deuxième volume du professeur Jean Karmiris Les monuments dogmatiques et symboliques de l'Église catholique orthodoxe édition Graz (Autriche)
Certes, il est impossible d'analyser ici tous les blasphèmes et l'apostasie des adeptes du Phanar, mais nous voyons que nous nous trouvons devant un projet préparé longtemps à l'avance.
Le calendrier n'avait donc pas comme mobile chez les modernistes ni un souci d'application de l'exactitude scientifique, ni une pression extérieure, ni une disposition par faiblesse d'adaption à la facilité, ni ne constituait du moins un acte de légèreté. mais le pire, il témoignait d'une corruption dogmatique, d'une perte de la conscience ecclésiastique orthodoxe, une complète indifférence et une disposition à suivre à la manière des singes l'apostasie occidentale.
Luttant contre l'oecuménisme, mais restant indifférents à la réforme du calendrier, qui, précisément fut adoptée pour avancer l'oecuménisme, nous nions la relation entre la cause et l'effet et nous combattons le mal dans son évolution et non dans sa racine.
Sans avancer plus, ce qui précède devrait suffire pour attribuer à la question du nouveau calendrier un caractère dogmatique et le faire écarter sans détours comme la d'ailleurs fait la sainte Église il y a quatre siècles, prévoyant le danger et l'anathémisant trois fois. Mais ceci ne constitue par la preuve exclusive du caractère dogmatique que revêtit la question de la reforme du calendrier.
2. RELATION ENTRE LE NOUVEAU CALENDRIER ET MODERNISME
Suivant l'exemple de ce qui fut appelé en Russie Église vivante, le patriarche Mélétios Métaxakis (reconnu par tous comme franc-maçon), convoqua une sorte d'assemblée qu'il appela… panorthodoxe et où siégeaient … «cinq évêques». Durant les dix assemblées qui se réunirent du 10 mai au 8 juin 1923, furent prises les «décisions» suivantes :
1. Transfert du calendrier et son identification avec le calendrier mondain de l'Occident.
2. Le mariage des prêtres après leur ordination sacerdotale.
3. Quitter la soutane, barbe et cheveux longs, du clergé.
4. Nouveaux limites d'âge pour l'ordination des diacres, prêtres et évêques.
5. Nouveaux limites d'âge pour l'entrée à la vie monacale.
6. Diminution ou abolition des carêmes et des offices divins.
7. Diminution des restrictions de parenté pour mariage, augmentation des causes de divorces.
Nous voyons donc qu'il ne s'agit pas d'une simple question de calendrier ou de 13 jours, mais que, depuis des décennies, on avait élaboré
des plans pour l'explosion de l'édifice divin de l'Église par l'intérieur ! Si donc, en 1924, nous avions accepte la réforme du calendrier appliqué
à la manière d'un «coup d'état» et d'une façon dictatoriale (indépendament du fait si l'Église peut ou non changer le calendrier) nous ouvririons la porte pour faire entrer le déluge du modernisme, et alors que resterait-il de notre sainte Orthodoxie ?
Nous nous souvenons avec émotion de l'enseignement de Photios Kontoglou de bienheureuse mémoire qui disait à peu près ceci : «J'aime une jeune fille, mais sa démarche ne me plaît pas; sa voix m'agace; je trouve son nez trop grand; j'aimerais qu'elle change la couleur de ses yeux et il serait préférable qu'elle ait des cheveux châtains. Ainsi, dans la spiritualité : j'aime l'Orthodoxie, mais les veilleuses ne me plaisent pas, je trouve les barbes et les soutanes désuètes; il faut adapter le carême aux exigences de l'époque contemporaine et on doit aussi changer son calendrier, etc.» Dans le premier cas comme dans le deuxième, nous n'aimons pas la RÉALITÉ ! Nous cherchons d'adapter la réalité aux exigences de notre IMAGINATION, laquelle nous aimons réellement à travers nos objections,
Soit ! si l'Église le veut dans sa catholicité, qu'elle le change si elle le juge utile et qu'elle agisse en harmonie avec sa Tradition et ses conciles antérieurs. Pourquoi ne nous soumettrions-nous pas ? Serions-nous plus grands que l'Église, qui, selon saint Jean Chrysostome «est plus haut que le ciel» ? Ou bien serions-nous des «super-orthodoxes» et «super-synodes» ?
Mais quelle relation existe-t-il donc entre la catholicité de l'Église d'une part et la révolte de 1924 ou le futur «huitième concile oecuménique» d'autre part ? Comment considérer le futur «concile» «panorthodoxe» comme une bouche authentique de l'Église du moment où :
a. Les patriarches et évêques actuels ne sont pas ORTHODOXES, mais souillés par hérésie, ayant ainsi perdu leur qualité d'hiéraques orthodoxes et pasteurs légitimes du troupeau.
b. Non seulement ils ne sont pas orthodoxes, mais même pas libres et non seulement ils ne sont pas libres, mais souvent ils sont des instruments des forces ténébreuses et des agents des ennemis proclamés du christianisme !
c. Ils ne se réunissent pas pour combattre une nouvelle hérésie ou danger menaçant l'Église mais au contraire pour prêcher et rabâcher toutes les hérésies et par le principe de l'AGIORNAMENTO «réviser», «reformer», «retrancher» et «ajouter» des choses aux données de notre sainte foi immaculée et immuable !
d. Sans honte ils avouent que, non seulement leur Synode ne contresignera pas ce qui fut entériné par les conciles antérieurs oecuméniques et locaux, mais bien au contraire , ils reviseront les synodes antérieurs comme désuets !
Il va sans dire que d'un tel concile jugé d'avance comme brigandage par la nature des choses, les décisions au sujet du calendrier ne peuvent avoir aucun poids pour les vrais chrétiens orthodoxes qui marchent sur le chemin resserré et affligé «à la suite des pères» !
Il est donc très juste que l'higoumène du monastère de 'Ascension à Kozani rappelle dans son livre LES BOURREAUX DE L'ORTHODOXIE les paroles de saint Athanase le Grand :
«Ce n'est pas maintenant que furent donnés les canons et les formules de l'Église, mais ils nous ont été bien et certainement transmis par les pères. Ce n'est point maintenant que la foi a commencé, mais par le Seigneur nous fut transmise à travers ses disciples.»
Le bienheureux patriarche de Jérusalem, Dosithée, nous a légué : «Nous n'acceptons pas une foi nouvelle, mais nous croyons seulement ce que nos pères nous ont enseigné. (Dodec. chap. 3 p. 978)
Un des grands docteur de la nation grecque, Athanase de Paros dit : «Le véritable enseignement est celui qui ne diffère en rien de ce que les pères ont dit.»
«LES PERES ONT DIT, NOUS DISONS AUSSI !»
Non parce que les pères ont dit, nous le répétons passivement, mais ayant avec eux un commun esprit, une foi et une espérance communes, nous sentons et nous comprenons les mêmes choses qu'eux, et c'est consciemment que nous confessons les mêmes choses qu'eux sans les contredire ou les démentir en rien.
B.S.
à suivre