LA CALENDRIER DE L'ÉGLISE
(suite)
Nous voyons donc que du moment où l'Église, librement et délibérément pendant des siècles, rejeta le calendrier grégorien, un tel refus constitue une TRADITION. Pour annuler ce refus traditionnel, nous devrions démontrer que :
1. Les arguments des générations précédentes :
- aliénation du Canon pascal,
- moyens de prosélytisme et de division de la part des latins,
- reniement de la Tradition antécédente, ne sont plus en vigueur.
2. Les causes de ce refus du calendrier grégorien ont (soi-disant) changé, par conséquent la persistance de l'attachement de l'Église au calendrier " julien " ne serait plus justifiée.
3. Nos pères, qui pendant des siècles, REJETTENT et a n a t h é m a t i s e n t cette maudite fabrication occidentale sont égarés ou manquent de culture astronomique ou souffrent d'un antilatinisme maladif et d'un réactionnisme passionnel.
4. La conscience de l'Orthodoxie qui, jusqu'à présent, accepta de la part de la hiérarchie le rejet du calendrier papal, serait égarée.
Mais voilà comment s'exprime l'archimandrite et professeur de l'université d'Athènes Chrysostome Papadopoulos au sujet des RELATIONS entre CALENDRIER et TRADITION, avant qu'il devienne archevêque d'Athènes et qu'il ne soit possédé du démon du MODERNISME et de l'INNOVATION, ainsi que de l'orgueil car, selon les pères, " L'ORGUEIL ne tolère pas les choses anciennes mais il aime innover ".
" Cette lettre du patriarche Jérémie, indique d'une façon excellente la position prise par l'Église orthodoxe dès le début face à la modification grégorienne du calendrier. Elle est considérée comme l'une des nombreuses innovations de l'ancienne Rome, un scandale universel et un affront arbitraire contre les Traditions de l'Église. La modification du calendrier n'est pas seulement une affaire astronomique, mais aussi une affaire ecclésiastique parce qu'elle est en rapport avec la fête pascale que le pape n'avait pas le droit de modifier, en se considérant lui-même au-dessus des Conciles oecuméniques. Par conséquent, l'Église orthodoxe ne fut pas favorable à la modification faite au calendrier. " (Chrysostome Papadopoulos, dans le journal " Héraut ecclésiastique " n° 143 de l'année 1918).
d. Possibilité de changer le calendrier.
Pour nous tendre un piège, les innovateurs ont recours au sophisme suivant : " L'Église peut-elle changer le calendrier ou non ? ". Les nouveau-calendaristes n'ignorent certes pas qu'il y a des questions auxquelles il est impossible de répondre par oui ou par non. Supposons que nous disons à quelqu'un qui ne s'enivra jamais de sa vie : " T'es-tu arrêté de t'enivrer ? " Notre interlocuteur ne peut répondre ni par oui ni par non. En effet s'il dit oui, il reconnaît s'être enivré dans le passé ; s'il dit non, cela signifie qu'il continue de le faire. Toutefois notre interlocuteur ne s'est jamais enivré et il doit nous répondre autrement que par un oui ou un non.
Plaçant cette question sous un mauvais angle, ils nous posaient une question pernicieuse sur la possibilité de l'Église de modifier son calendrier. Si nous répondions oui, ils nous considéraient comme schismatiques pour nous être séparés de leur communion. Si nous répondions non, ils nous considéraient comme ritualistes et en train d'idolâtrer avec les jours.
Mais ils réussirent encore une autre chose. Par cette question perfidement posée, ils arrivèrent à enflammer le zèle des plus simples parmi nous afin qu'ils arrivent à des conclusions hâtives, des sentences et des dogmatismes qui n'étaient pas mûrs, entraînés ainsi hors du terrain de la foi orthodoxe qui est sans curiosité malsaine, sur le terrain glissant de la scolastique. De cette manière, les nouveau-calendaristes ont obtenu deux choses :
1. Ils ont arraché des " professions de foi " hâtives qu'ils utilisent par la suite pour nous confondre en nous démontrant ignorants en matière théologique.
2. Par la divergence créée, des passions se sont enflammées parmi les vrais chrétiens orthodoxes, des opinions se sont arrêtées et ceux-ci furent divisés au préjudice de tous.
A l'exemple de notre Sauveur, nous répondrons aux nouveau-calendaristes par une autre question se basant sur la même logique : " L'Église peut-elle changer le signe de la croix, l'ordre des offices, la suite des carêmes, l'habit du clergé, le canon pascal, les textes liturgiques et les autres traditions " ? Car en agissant ainsi, elle ne multiplie pas les Personnes de la sainte Trinité et elle ne se dresse pas contre la virginité de la Toute-Sainte.
La réponse qu'ils nous donneront, qu'ils l'appliquent également à la question du calendrier. En effet, nous n'avons jamais considéré le calendrier au-dessus du reste de la tradition de l'Église orthodoxe. Quand nous disons tradition, nous entendons la pratique, l'expression et la vie de notre Église en tout : offices, rituel, carêmes, iconographie, musique, architecture, etc. et non seulement le calendrier.
Nous rappelons aux néo-calendaristes une anecdote de leur propre journal : " La Lutte ecclésiastique " au sujet du déplumage de la colombe. En effet, si nous prenions une colombe et que nous la déplumions, nous laisserons, certes, intacts son coeur, son estomac et ses poumons. Pourtant notre colombe déplumée meurt. Ainsi, nous pouvons changer beaucoup de choses dans la vie de l'Église, sous prétexte qu'elles ne sont pas soi-disant des dogmes et nous pouvons, d'une façon légaliste, tuer l'Orthodoxie sans toucher à ses dogmes.
Il dit donc fort bien le théologien Dionysios Mpatistàtos qu'il est impossible de distinguer entre les choses primordiales et secondaires car toutes portent le sceau du saint Esprit. Pour cela, dès que nous constatons qu'une chose, si infinitésimale soit-elle, constitue une tradition de l'Église, nous ne la touchons pas irrespectueusement et d'une façon rationaliste, mais nous disons avec saint Jean Chrysostome : " S'agit-il de la tradition ? n'en demande plus rien. "
Nous rappelons à la hiérarchie de l'Église de l'état de Grèce le cas du prophète Balaàm de l'Ancien Testament. Celui-ci avait reçu l'ordre de Dieu de ne pas aller maudire Israël car il était béni. Mais, attiré par l'argent offert par Balàk, le prophète insensé demanda à Dieu qui venait de lui dire : " N'y va pas. " , " Puis-je y aller ? ", montrant ainsi la malignité de son intention qu'il désirait masquer derrière la légalité d'une autorisation de la part de Dieu. Mais le Dieu de la liberté lui répondit : " Vas-y " pour mettre à jour son " prétexte de péché ".
Ainsi donc, les nouveau-calendaristes se trouvent en face d'une Église qui pendant des siècles entiers :
- par des conciles, sigilliums, anathèmes, publications, en pleine connaissance du problème, rejette volontairement la réforme du calendrier ;
- pendant vingt siècles proclame qu'elle n'est pas un observatoire car : " L'Église ne se préoccupe pas de l'exactitude du temps ; "
- considère la question comme un enfantillage qui manque de sérieux ;
- voit en elle le renversement de ses canons inspirés de Dieu et le danger qui menace ses fidèles ;
- elle proclame que les questions de détail de l'exactitude des temps ne la préoccupent pas, car " le temps passe " qu'il soit compté correctement ou d'une façon erronée, tandis qu'elle est éternelle dans sa nature. Elle est par la grâce " au-dessus du temps. "
- Elle s'exprime, elle prit position sur l'affaire en question et son refus devint dorénavant partie intégrante de la Tradition, ne supportant plus autre discussion ;
et pourtant, ils continuent de nous poser des questions : " Est-il dogmatique ? ", " Est-il primordial ou secondaire ? ", " L'Église, peut-elle changer le calendrier ou non ? " etc…
Écoutez bien, chers néo-calendaristes, au moment où tout ceci ne vous suffit pas, vous êtes comme les nestoriens qui tentaient les orthodoxes en prétextant que le terme Enfantrice de Dieu n'est pas dans le Credo, car la définition : " Né du saint Esprit et de Marie la Vierge " était pour eux insuffisante et ne les satisfaisait pas. Quand on veut objecter, on le peut toujours.
Vous ressemblez aux latins qui, malgré que les deux phrases existent dans le Credo d'une façon à former une opposition :
- qui procède du Père,
- qui est adoré avec le Père et le Fils,
toutefois, tentaient les orthodoxes en leur objectant : " Est-il écrit quelque part dans le Credo que le saint Esprit procède du Père seul ? " Comme si les pères qui savaient qu'Il est adoré (le Paraclet) avec le Père et le Fils, avaient hésité par ignorance ou par doute de compléter la première. Comme chaque pièce de monnaie a deux faces, telle sera aussi notre réponse à votre égard.
Oui ! L'Église PEUT changer le calendrier et nous vous présenterons même des arguments. Mais ils ne vous seront d'aucune utilité à rejeter : ni les malédictions des saints pères dont vous vous êtes épaulés en conduisant la sainte Église dans un schisme, ni l'héritage de " la lèpre de Ghiezi et la pendaison de Judas " que vous a léguées le patriarche de Constantinople Cyrille en 1756.
L'Église peut même faire descendre le ciel sur la terre, car elle " est plus haute que le ciel " d'après saint Jean Chrysostome et vous demandez " si elle peut " changer des calendriers et des agendas ?
Nous n'avons jamais nié à l'Église le droit et la possibilité de l'adaptation de ses fêtes. Tout simplement nous disons qu'en 1924, ce n'était point l'Église qui a fait ce changement, mais les innovateurs loups-bergers qui, d'après l'Apôtre, " parlent de choses ambiguës " et qui " sont sortis du milieu de nous sans être des nôtres ".
Est-ce que jusqu'au dixième siècle la Transfiguration du Sauveur n'était pas fêtée 40 jours avant le Vendredi saint, à savoir la première semaine du Carême ? Mais la sainte Église décida et changea la date et décréta que la fête aurait lieu le six août plus solennellement, à savoir 40 jours avant l'Exaltation de la sainte Croix, qui est considérée par nous, orthodoxes, comme un " deuxième Vendredi saint ". D'une fête mobile, elle a fait une fête fixe.
Saint Jean Chrysostome ne fut-il pas endormi le 14 septembre, à savoir le jour même de l'Exaltation ? Toutefois, la sainte Église décida de célébrer sa mémoire d'une façon solennelle le 13 novembre.
L'Église n'a-t-elle pas changé le jour officiel de l'équinoxe du printemps astral, en adoptant une date conventionnelle (21 mars), afin de ne pas fêter en même temps que les Juifs ?
Certes donc, elle le peut. Mais l'Église étant apostolique, elle agit toujours aussi d'une façon apostolique. Que dit le divin Apôtre ? " Tout m'est permis, mais tout n'est pas utile. " (I Cor 6,12).
Parce qu'elle a jugé que la réforme du calendrier grégorien " n'est pas utile ", elle refusa cette réforme. Par des anathèmes, elle exprima sa décision, rendant ainsi officiellement le calendrier ecclésiastique en vigueur partie intégrante de sa Tradition. En tant que Tradition, le calendrier ne change pas. Car la sainte Église est le corps du Fils de Dieu incarné et immuable qui " est le même hier, aujourd'hui et dans les siècles des siècles. " (Heb 13,8)
Ainsi donc comme Dieu " ne peut se nier Lui-même " (2 Tim 2,12) ainsi la sainte Église du Christ, ne peut se nier elle-même et nier sa sainte Tradition.
Elle ne le peut pas !
Maintenant, c'est aussi notre tour de poser une question aux néo-calendaristes : " Pourquoi demandez-vous à l'Église de changer son calendrier et d'annuler ses anathèmes que sa conscience s'est appropriée et qu'elle respecta pendant quatre siècles entiers ? "
Jusqu'à ce jour, ce pourquoi est resté et reste sans réponse. Aucun besoin réel, aucune raison valable, fut jamais présenté. On a seulement remâché des arguments sacrilèges, matérialistes, anorthodoxes de l'esprit occidental décadent. Un désir de singerie, une adaptation par paresse aux exigences d'un monde de plus en plus apostat.
Que les intéressés nous disent avant " pourquoi " et ensuite nous verrons ce que répondra l'Église et quelle économie elle appliquera sans porter atteinte à sa Tradition.
e. Exigences de la sainte Tradition
" Celui qui transgresse les traditions ecclésiastiques, qu'il soit destitué. " (7e canon du 7e Concile oecuménique)
" Les dogmes et les enseignements qui sont gardés dans l'Église, certains nous les avons par l'enseignement écrit, d'autres nous les avons acceptés comme transmis dans le mystère par la Tradition des apôtres. Mais tous les deux ont la même valeur face à la piété et personne ne peut les contredire ni essayer de toucher la moindre des institutions ecclésiastiques. Car si nous essayons de délaisser les coutumes non-écrites, comme n'ayant soi-disant pas grande force, nous prêterions préjudice à l'évangile même, à ce qui est primordial, rabaissant la prédication au niveau de simples paroles " (91e canon de saint Basile). Il serait nécessaire que les orthodoxes sachent ce canon en entier par coeur, ici c'est en fragment. Le 92e canon du même saint confirme celui-ci et rapporte les paroles du divin Apôtre : " Retenez les traditions que vous avez reçues, soit par la parole, soit par notre lettre. "
Saint Nicodème l'Hagiorite, dans son commentaire du 31e canon apostolique, parle de la relation qui existe entre la foi et la Tradition : " Comme les traditions ecclésiastiques ont besoin de la foi, ainsi la foi a besoin des traditions ecclésiastiques et ces deux choses ne peuvent pas être séparer l'une de l'autre. " Ainsi le saint signale que la foi transmise n'est ni un ritualisme, ni une conviction intellectuelle abstraite.
Voilà donc pourquoi nous restons au calendrier des pères, non parce qu'il est julien mais parce qu'il est devenu ecclésiastique et depuis toujours il fut la pulsation du corps de notre très sainte Église.
Nous gardons ce calendrier, comme étant celui sous lequel nos martyrs ont versé leur sang et nos pères et mères dans la foi se sont consumés comme des cierges vivants dans l'ascèse.
Nous gardons ce calendrier de nos pères, parce que selon le principe de saint Vincent de Lérins, c'est le seul qui fut vécut " toujours, partout et par tous ".
Nous gardons ce calendrier parce que si nos pères n'étaient pas dérangés de ses lacunes, comment serait-il possible d'être dérangés nous-mêmes ?
Nous gardons ce calendrier, parce que même s'il est " erroné ", " irrégulier ", " retardé ", " désuet " il est en même temps orthodoxe, patristique, sanctifié, ecclésiastique, vécu et célébré en même temps par l'Église toute entière dans les cieux et sur la terre.
Changerais-je la photo de ma mère encadrée dans un vieux cadre, contre la photo d'une dame inconnue, encadrée dans un cadre neuf plus joli et doré ?
Même s'il est " scientifique ", " contemporain ", " précis ", le calendrier papal ne m'a cependant jamais donné un saint, il ne m'a jamais certifié que les " choses d'en haut concélèbrent avec les choses d'en bas. "
Que les nouveau-calendaristes s'arrêtent enfin de nous rappeler le verset de l'épître de saint Paul aux Galates : " Vous observez des jours et des temps et des années ? " Ce verset ne nous concerne en rien, car nous ne nous sommes jamais préoccupés ni dérangés des lacunes de notre calendrier. Les questions de la précision temporelle ne sont que des " enfantillages " d'après l'illustre patriarche Jérémie II. Qu'ils s'y voient plutôt eux-mêmes dans ce verset, comme préférant la précision chronologique à la vie et à la Tradition de l'Église et comme devant payer le tribut de leur exactitude avec la monnaie du schisme.
Nous, nous fûmes enseignés que le temps de ce " siècle imposteur " sera aboli, qu'il soit compté correctement ou d'une façon erronée. Quelle importance si le jour de son abolition s'appelle 1e ou 14e juin ?
A quoi serait-il utile de compter précisément le temps qui sera aboli, si nous sommes perdus avec lui ? Mais si nous marchons sur les traces de nos pères, Dieu nous privera-t-Il de l'éternité pour avoir mal calculé la trajectoire des astres ?
Au-dessus de la précision astronomique nous plaçons l'unité de l'Église dans la Tradition non-innovée, comme le souligne l'ex-métropolite de Florina Mgr. Chrysostome par les paroles de Tertullien : " Les surveillants de l'Église gardent et veillent sur la Tradition apostolique, nous témoignent que tous observent une et même foi, et utilisent les mêmes lois pour le gouvernement de l'Église et l'accomplissement des autres fonctions ecclésiastiques. "
Saint Grégoire de Nysse dit : " Les coutumes, dogmes et traditions qui ont prévalu, convainquent chacun, étant respectables et dignes de vénération à cause de leur antiquité. "
Le 8e acte du 7e Concile oecuménique anathématise : " Qui transgresse une tradition écrite ou non écrite, qu'il soit anathème. "
Le Synodikon de l'Orthodoxie anathématise : " Tout ce qui a été contre la tradition ecclésiastique… innove et fait après coup, est sous un triple anathème. "
L'apôtre Paul dit : " Souvenez-vous de vos conducteurs qui vous ont annoncé la parole de Dieu. Considérez les résultats de leur conduite et imitez leur foi " (Heb 3,7). En considérant " les résultats de leur conduite " de qui devons-nous donc imiter la foi ? Du " patriarche " Athénagore ? De " l'archevêque " Hyéronimos ? De " l'archevêque " Jakobos ? Ou du " métropolite " Nicodème de Leningrad et du " patriarche de Moscou " Pimène ?
Ainsi, nous préférons imiter la foi, (pour passer sous silence les saints officiellement proclamés) des Jérémie II, Mélétios Pighas, Dosithée de Jérusalem, Innocent de Pékin, du patriarche Tychon, du métropolite Antoine Chrapovitsky etc.
Par conséquent, ceux parmi les néo-calendaristes qui nous calomnient comme " schismatiques " qu'ils s'adressent aux précités, car ce sont eux qui rendront compte de nous.
à suivre