ALENDRIER DE L'ÉGLISE
(suite)
C. SIGNIFICATION ECCLÉSIOLOGIQUE DU CALENDRIER
a. Introduction
Comme tout le monde sait, les saints canons (voir ci-dessous) interdisent, sous peine d'excommunication et de destitution, la communion in sacris et même la prière en commun avec les hérétiques et les schismatiques. Les orthodoxes ne peuvent fraterniser avec les hérétiques, non seulement en ce qui concerne les choses sacrées, mais si possible, pas même aux manifestations de la vie courante.
1. Saint Jean l'Évangéliste et Théologien refusa d'entrer dans un établissement de bains publics où se trouvait le fameux hérétique de l'antiquité Cyrinthe.
2. Le 11e canon du 6e Concile oecuménique prescrit : «Aucune personne inscrite dans la liste sacerdotale ou laïque, ne peut manger les azymes offerts par les juifs, ni fraterniser avec eux, ni faire appel à eux pour cause de maladie, ni recevoir leurs soins, ni se baigner avec eux dans les établissements de bains. Si quelqu'un ose faire une telle chose, s'il est clerc, qu'il soit destitué; s'il est laïque, qu'il soit excommunié.»
Ceci est tout-à-fait naturel car nous ne pouvons séparer la vie spirituelle de la vie quotidienne. Nous serions alors obligés d'introduire dans notre vie des parenthèses sans la mémoire continuelle de Dieu, où toutes nos activités, profession, famille, distractions, etc. ne concourent et ne visent pas le but final de toute notre existence, à savoir l'union totale avec Dieu notre Sauveur.
Autrement se comporte le chrétien orthodoxe dans la vie de tous les jours et autrement le païen ou l'hérétique. Autre direction, autre raison, autre horizon, autre espérance, en un seul mot : autre homme !
Mais les modernistes d'aujourd'hui, adeptes de «l'amour» sentimental, ont perdu la notion de la relation étroite et de la compénétration qui existe entre l'aspect dogmatique et administratif, spirituel et disciplinaire, de la manifestation de la vie de l'Église en tant que corps d'une part; de la vie de chacun de ses fidèles d'autre part. Ainsi d'une façon toute superficielle et sans aucune base théologique, ils attribuent les canons en question à une disposition haineuse ou fanatique d'une époque ecclésiastique révolue. Mais tel n'est pas le sens de la discipline canonique. L'Église n'est ni passionnelle, ni fanatique, ni misanthrope. Mais elle aime les hommes de l'amour de Dieu. «Afin d'être sauvé et parvenir à la connaissance de la vérité.» Voyons donc la signification de l'interdiction de la communion in sacris avec les hérétiques.
b. L'adoption des fidèles en Jésus Christ
Dans l'épître aux Ephésiens (1,5) l'apôtre Paul nous dit que «Dieu le Père de notre Seigneur Jésus Christ» nous a «choisis et prédestinés à être ses enfants d'adoption» et cette «adoption» a lieu «par Jésus Christ» non selon nos soit-disant mérites, mais exclusivement selon «le bon plaisir de sa Volonté à la louange de la Gloire de sa Grâce.»
En effet, par la communion aux divins sacrements, nous nous rendons «concorporels» au Christ (Eh 3,16) et «consanguins». Comme l'apôtre Paul dit : «La coupe de bénédiction que nous bénissons, n'est-elle pas la communion du Sang de Christ ? Le pain que nous rompons, n'est-il pas la communion du Corps du Christ ? Puisqu'il y a un seul pain, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps; car nous participons tous à un même pain.» (I Cor 10,16). Le Sauveur Lui-même affirme d'ailleurs : «Celui qui mange ma Chair et boit mon Sang, demeure en Moi et Moi en lui,» et la sainte Église invite : «Recevez le Corps du Christ, buvez à la source immortelle.» (chant de communion).
Si donc tous nous nous rendons «concorporels» et «consanguins» du même Christ, par conséquent nous sommes aussi entre nous frères. Pour cela la sainte et divine Écriture appelle le Christ «Premier-né parmi plusieurs frères» (Ro 8,29) et nous «conformes à l'image du Fils» de Dieu notre Père.
Par l'adoption en Christ donc nous devenons frères non selon l'idée de la simple adhérence à une société, une corporation ou même l'acceptation d'une idéologie commune, mais sur la base d'une réalité charismatique et spirituelle. Nous sommes frères parce que nous sommes tous sortis de la même matrice, des mêmes entrailles : les fonds baptismaux de l'Église catholique du Christ.
Selon l'enseignement de saint Cyprien «qui n'a pas l'Église comme mère ne peut avoir Dieu comme Père». En effet, l'assemblée des hérétiques ne dispose pas d'une piscine baptismale pour engendrer des fils et des filles pour le royaume des cieux. Ainsi l'hérétique n'est pas mon frère, car il n'a pas la même mère que moi, par conséquent ni le même père. La paternité divine relève du surnaturel.
Si j'osais appeler avec l'hérétique le Dieu du ciel : «Notre Père», il s'agirait d'une folie et d'un mensonge. Car comment pourrais-je attribuer à l'hérétique des qualités filiales et fraternelles dont il ne dispose pas par nature des choses ? Si je suis adopté par le Père en Jésus Christ et ensuite je redescends au même niveau que l'hérétique, alors je ne considère en rien la grâce de l'adoption qui m'a été accordé; je sous-estime le don et je méprise et déshonore le donateur «paraissant ingrat envers le Bienfaiteur».
c. Nette démarcation entre fils et étrangers.
Étant par la grâce les fils de la «femme libre» à savoir de l'Église qui est la mère de nous tous, nous n'avons aucun droit de nous considérer égaux des enfants d'Agar l'Égyptienne «l'esclave», dont les enfants n'héritent pas le royaume des cieux, car spirituellement elle est stérile. En outre l'Écriture nous enseigne que les fils n'héritent pas avec les enfants de l'esclave.
Ainsi les canons interdisent la prière commune avec les hérétiques et les schismatiques, manifestent tangiblement la réalité sacrale de l'adoption en Christ et la parenté spirituelle des membres frères d'un seul corps. Car l'hérétique ne dispose ni de Temple, ni d'autel, ni de sacerdoce, pour qu'il puisse devenir mon «consanguin» et invoquer par conséquent, commun avec moi, le Père qui est dans les cieux.
Voilà pourquoi la sainte Église ordonne :
71e canon apostolique
«Si un chrétien apporte de l'huile au sanctuaire païen ou à la synagogue des juifs durant leurs fêtes, ou allume leurs lampes, qu'il soit excommunié.»
32e canon du Concile de Laodicée
«Il n'est pas permis de recevoir les bénédictions des hérétiques, qui sont plutôt des illogismes que des bénédictions.»
33e canon du Concile de Laodicée
«Il n'est pas permis de prier avec les hérétiques ou les schismatiques.»
38e canon du Concile de Laodicée
«Il n'est pas permis de recevoir des azymes de la part des juifs, ni de communier à leurs impiétés.»
46e canon apostolique
«Nous ordonnons qu'un évêque ou un prêtre qui aurait accepté le baptême ou le sacrifice des hérétiques soit destitué, car quel accord entre Christ et Bélial, ou partage entre le fidèle et l'infidèle.»
68e canon apostolique
«Si un évêque ou prêtre ou diacre reçoit par quelqu'un une deuxième ordination, qu'il soit destitué aussi bien lui, que celui qui l'ordonna, sauf s'il prouve le fait d'avoir reçu l'ordination par les hérétiques. Car ceux qui ont été baptisés ou ordonnés par eux, ne peuvent être ni fidèles ni clercs.»
65e canon apostolique
«Si un clerc ou un laïque entre dans une synagogue des juifs ou d'hérétiques pour y prier, qu'il soit destitué et excommunié.
6e canon du Concile de Laodicée
«Il n'est pas permis aux hérétiques d'entrer dans la maison de Dieu, en persistant à l'hérésie.»
9e canon du Concile de Laodicée
«Il n'est pas permis à ceux qui appartiennent à l'Église, de se rendre aux cimetières ou les dits lieux de martyrs des hérétiques pour y chercher une prière ou une guérison. S'ils sont fidèles, qu'ils soient excommuniés jusqu'à un certain temps et qu'on les accepte de nouveau après qu'ils se soient repentis et aient confessé leur erreur.»
9e canon de saint Timothée d'Alexandrie
Question : Si un clerc doit prier, en présence d'Ariens ou d'autres hérétiques; et s'il peut sans dommage célébrer l'office à savoir l'offrande ?»
Réponse : Dans la divine Liturgie, le diacre s'écrie : «Les non-communiants, retirez-vous.» Ils ne peuvent donc pas être présents, sauf s'ils promettent de se repentir et fuir l'hérésie.»
d. Démarcation à travers le calendrier
A l'encontre de ce qu'ont décrété les adeptes du Phanar de fêter en même temps que les hérétiques et aux mêmes dates, les canons interdisent que les dates de nos fêtes coïncident volontairement avec celles des hérétiques.
7e et 70e canons apostoliques
«Si un évêque ou prêtre ou diacre célèbre le saint jour de Pâques avant l'équinoxe du printemps avec les juifs, qu'il soit destitué.»
«Si un évêque ou prêtre ou diacre ou un autre membre du clergé, jeûne avec les juifs, ou fête avec eux ou reçoit d'eux des offrandes relatives à leur fête, à savoir des azymes ou quelque chose de semblable, qu'il soit destitué et si c'est un laïque, qu'il soit excommunié.»
37e et 39e canons du concile de Laodicée
«Il n'est pas permis de recevoir de la part des Juifs ou des hérétiques les offrandes envoyées à l'occasion de leur fête, ni de fêter avec eux.» «Il n'est pas permis de fêter avec les païens et communier à leur athéisme.»
L'histoire nous enseigne que les Hébreux cachaient aux Samaritains la date de la fête pascale, de sorte que les Samaritains chaque année étaient obligés de recourir à différentes astuces pour apprendre la date véritable. Mais les hébreux recouraient aussi à des ruses diverses pour égarer les Samaritains et les obliger ainsi à fêter leur Pâque à une date différente de la leur.
L'antiquité nous apprend donc que le peuple de Dieu évite toute coïncidence volontaire des dates de ses fêtes avec les fêtes des hérétiques.
e. Notre séparation des nouveau-calendaristes
A cause de tout ce qui précède, nous fûmes obligés en 1924 de séparer nos responsabilités d'avec la hiérarchie officielle, à la suite de la réforme du calendrier, car cette réforme :
- sape les bases dogmatiques et canoniques de l'Église orthodoxe et expose les fidèles de l'Église aux influences dangereuses des différentes hérésies,
- altère le canon pascal, comme l'ont jugé les conciles et les pères d'avant nous dans leur décisions,
- détruit la Tradition de l'Église respectée par les siècles, tandis que les conciles nous ordonnent : «Il faut observer les anciennes coutumes» ( 6e du 1e con. oecum.). Il s'agit d'un usage imposé et d'une ancienne tradition» (7e canon idem) «d'après les canons des saints pères et l'usage antique» (8e du 3e oecum.) (N.B. : Les conciles s'expriment ainsi pour des questions administratives inférieures à la signification du calendrier).
- non seulement ne représente pas la catholicité de l'Église, mais elle constitue un agissement arbitraire et une action révolutionnaire pour la dislocation de l'Orthodoxie catholique.
Nous nous sommes séparés, car la question du calendrier se rapporte à la «piété» à cause de laquelle le 31e canon apostolique autorise notre séparation, mais à plus forte raison parce que, comme nous l'avons dit plus haut, le calendrier fut utilisé comme l'avant-garde de l'oecuménisme, qui malgré toute la «jurisprudence» de nos adversaires, constitue une hérésie reconnue comme telle par les conciles et les pères d'après le 15e canon du «premier-second» concile de Constantinople.